Avec bébé, Nous les femmes !

Les femmes, au travail !

648x415_illustration-femme-travail-nourrissonMardi matin, alors j’essayais d’habiller une Poupette gigotante, de boire mon thé sans me brûler et de finir de me maquiller avant de sprinter pour arriver au boulot à l’heure, j’ai été interpellée par la déclaration, à la radio, d’un jeune économiste.

J’étais justement en train de me faire la remarque que je partageais en grande partie ses opinions concernant le triste constat du désinvestissement massif dans la recherche en France, sujet ô combien important pour la chercheuse que je suis, quand il s’est mis à digresser sur un autre sujet de grand intérêt pour moi : la place des femmes, et notamment des mères, dans le monde du travail.

Son analyse était intéressante : il faisait le constat que, même dans les pays les plus souvent salués pour l’égalité entre les femmes et les hommes, comme la Suède ou le Danemark, il arrivait toujours un moment dans la carrière des femmes où on pouvait noter un basculement. Et, je te le donne en mille, à toi, jeune maman : ce point de basculement correspond, comme par hasard, à l’arrivée du premier enfant dans un couple.

Avec l’arrivée de bébé, toujours d’après cet économiste, les femmes se mettent à adapter leur comportement professionnel, à demander à réduire leur temps de travail, voire même à changer de voie professionnelle pour se reconvertir vers un métier leur permettant d’être plus disponibles pour leurs enfants. Côté salaire, on s’en doute avec ce tableau, l’écart de rémunération entre femmes et hommes se creuse à partir de ce moment-là.

Bien qu’attristée par ce constat visiblement documenté et qui correspond à l’impression que je me suis faite, depuis 20 mois que je suis mère au travail, je me dis : « Ah ! Enfin un économiste suffisamment jeune pour s’intéresser à cette problématique et qui fait le même constat que moi ! Peut-être que les mentalités vont commencer à évoluer ? ».


Mais là, il se rétame en beauté, en concluant par ce magnifique : « Peut-être que finalement, c’est ce que tout le monde souhaite ? »

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Crédit photo : AJ Cann

Heureusement que je n’avais pas réussi à trouver deux secondes pour poser mon popotin, ce matin-là, parce que sans ça, j’en serais tombée de ma chaise.

Ce qui me choque, dans ce discours, c’est la fatalité qui s’en dégage : les femmes, dans les faits, n’ont pas vraiment le choix, et doivent assumer en grande partie la charge de s’occuper des enfants.

Alors, aujourd’hui, je te la pose à toi, cette question, ma chère lectrice : est-ce que c’est ce que tu souhaites ? Être mise de côté, professionnellement parlant, dès que tu as la brillante idée de vouloir te reproduire ? N’avoir pas d’autre choix à ta disposition que d’adapter ton temps de travail dès l’arrivée du premier enfant ? Devoir mettre ta carrière entre parenthèse pour pouvoir être disponible pour couver tes petits ?


Entendons-nous bien, je n’ai rien contre les femmes qui souhaitent se mettre au 4/5ème ou à mi-temps pour pouvoir profiter de leurs enfants, ni contre celles qui prennent un congé parental pour prolonger la symbiose fusionnelle des débuts avec bébé, et encore moins contre celles qui font le choix courageux de rester à la maison et d’assumer toute la logistique quotidienne en plus des enfants. Cet article n’est absolument pas une énième tirade virulente contre ces femmes qui font des choix de vie différents du mien. J’ai bien trop d’admiration et de respect pour me permettre de critiquer leurs choix.

Non, cet article est plutôt un coup de gueule contre la société qui ne nous laisse pas vraiment le choix, justement : être une working mum à tout prix, finir épuisée et payer la double peine du salaire qui ne suit pas ou des promotions qui se font bien trop discrètes, ou être une mère au foyer dénigrée, oubliée derrière ses fourneaux et laissée de côté sans aucune considération.

N’y a-t-il donc aucune alternative à ces deux situations extrêmes ? A ma petite échelle, je n’ai pas l’impression que les mères autour de moi qui font par exemple le choix d’une réduction du temps de travail s’en sortent indemnes. Elles finissent par devoir ramener du boulot à la maison, par courir partout pendant leur « journée de repos » et par assumer plus que leur part de l’organisation quotidienne de la famille. Côté boulot ? « Oh ben tu sais, Cécile, elle est à mi-temps maintenant, tu devrais plutôt aller demander à Damien, ce sera plus rapide… »

Double peine, on disait ?


Ce que je souhaiterais, c’est une véritable répartition équilibrée des tâches entre les femmes et les hommes, dans la famille et dans la société en général.

Ce que je souhaiterais, c’est qu’on reconnaisse à leur juste valeur toutes les tâches qu’on attribue par défaut aux femmes au foyer. Pourquoi est-ce plus valorisant de savoir bricoler que de savoir gérer la logistique du linge ?

Ce que je souhaiterais, c’est qu’on ne pense pas que la mère doit assurer par défaut la garde des enfants. Une mère avec son bébé en écharpe qui sort dans la rue, c’est normal. Mais un père qui emmène sa fille au square ou qui berce son nouveau-né, tout le monde trouve ça adoraaaaaaaable !

Ce que je souhaiterais, c’est qu’un employeur qui voit arriver une candidate femme, jeune et en couple (voire pire, mariée !), ne soit pas freiné par l’éventuel bébé à venir. Ou alors qu’il le soit autant lorsqu’il reçoit en entretien un jeune homme fraîchement revenu de lune de miel.

Ce que je souhaiterais, c’est qu’on ne prenne pas Mister F. pour un parent par défaut, tout simplement parce qu’il est homme. Et qu’on ne me prenne pas pour le parent qui doit tout assumer, tout simplement parce que je suis femme. Notons d’ailleurs au passage que, dans cette histoire, on ne laisse pas vraiment non plus le choix aux hommes d’être les pères qu’ils souhaitent…

Ce que je souhaiterais, c’est un congé paternité obligatoire et conséquent, afin de rééquilibrer l’impact entre les femmes et les hommes, au niveau professionnel, de cette période particulière de la vie.

Ce que je souhaiterais, c’est avoir la liberté d’adapter mon temps de travail à certains moments de ma vie, sans que ce soit néfaste pour la poursuite de ma carrière. Au contraire, que cette attitude devienne saine et naturelle, pour les hommes comme pour les femmes.

Ce que je souhaiterais, c’est un peu plus de reconnaissance pour les femmes, pour toutes les femmes : les mères au foyer, les mères au boulot, les femmes qui ne souhaitent pas avoir d’enfant, les femmes ambitieuses, les femmes rêveuses, et toutes les autres.

Ce que je souhaiterais, c’est qu’on n’oublie pas, que de nos jours, dans notre société, c’est encore et toujours plus difficile d’être une femme.


Bon, et alors, on ferme nos bouches joliment rouge à lèvrées et on continue comme ça ? Mais concrètement, qu’est-ce qu’on peut faire, hormis éduquer nos enfants, nos maris, nos collègues, nos amis, et les sensibiliser à cette injustice trop souvent oubliée ?

Allez, les femmes, je compte sur vous, au travail !

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Photo issue du blog les femmes au travail

34 réflexions au sujet de “Les femmes, au travail !”

  1. J’ai pas la foi d’écrire un pavé mais comme je suis d’accord avec toi ! Récemment Princesse à ete malade et j’ai téléphoné à mon mari pour qu’il aille chercher la petite. Ses collègues et chef (qui me connaissent puisque j’ai travaillé 3 ans pour eux) lui ont dit « mais c’est bon Madame D elle peux y aller s’en occuper ». Donc voilà … Pourtant je sais que ce n’est pas méchant. Mais je suis celle qui doit laisser mon boulot pour aller chercher la petite.
    Apres on a fait un deal avec mon mari. Le temps que nos enfants rentrent à l’école, je gère. Je travaille mais je ne me met pas à fond. Par contre des qu’ils sont à l’école c’est mon tour de me lancer.
    Bref … Les mentalités sont trop bien ancrées …

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    1. Ahah ! Comme d’hab’, j’adore ton honnêteté « j’ai pas la foi d’écrire un pavé » 😀

      Merci pour ton commentaire, qui montre bien que, par défaut, c’est maman qui doit assumer, même quand les deux parents travaillent. L’attitude des collègues de ton mari, le naturel avec lequel ils vous forcent à rentrer dans des rôles définis, ça me fatigue.

      Quant au fait de mettre tour à tour sa carrière entre parenthèse, je ne suis pas encore convaincue que ce soit vraiment réalisable : je l’espère de tout mon coeur, pour toi, et j’espère que tu me prouveras que j’ai tort dans quelques années, mais dans l’état actuel, j’ai peur qu’on s’incruste dans une logique qui dure sur le long terme. Et que même si le deal est clair entre les deux parents, le monde professionnel se chargera de rappeler que c’est pas si simple de changer les rôles.
      Parce que, comme tu le dis, les mentalités sont trop bien ancrées….

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  2. Moi ce que je lis du commentaire de ce monsieur de la radio et ma conclusion, c’est peut être que le monde du travail ne fait pas suffisamment pour aider les couples. Oui les pères ont le beau role et les femmes doivent s’adapter mais si elles le doivent c’est peut être que la société ne fait pas grand chose.
    Malheureusement ce que tu écris je l’observe tous les jours dans mon entourage et je ne trouve pas ça normal. Après je ne vais pas me plaindre car globalement si quelqu’un assume la logistique du foyer, ce n’est clairement pas moi mais mon mari. Merci pour ce joli article qui me fait vraiment écho (à moi aussi en tant que chercheuse).

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    1. Oui, tu as raison, c’est exactement ça : la société ne facilite pas les choses, et finalement, ce sont les couples dans leur globalité qui sont sanctionnés. D’ailleurs, on ne laisse pas non plus le choix aux pères qui souhaiteraient s’investir plus de le faire facilement.
      Et comme tu le dis, on l’observe tous les jours autour de nous : la question est, comment faire pour faire bouger les choses ?!

      PS : moi non plus, je ne me plains pas, car au quotidien, on peut dire que les tâches sont vraiment bien réparties entre Mister F. et moi, et à mon boulot, je ne vis pas de pression particulière. Mais ça ne m’empêche pas de réagir violemment quand je vois ce genre d’injustices autour de moi, et de m’inquiéter pour l’avenir de mes enfants (fille ou garçon, d’ailleurs !).

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  3. Je suis totalement d’accord avec toi et je me bats (à ma petite échelle) pour faire évoluer ces mentalités.

    J’ai été une victime directe du : »non on ne l’embauche pas elle va nous faire un bébé dans 2/3 ans ». De la part d’un papa de 2 petites filles… comment réagira t’il dans 20 ans quand ça arrivera à ses filles je me le demande. Ou plutôt j’espère que ça n’arrivera jamais à ses filles mais malheureusement j’ai bien peur que rien n’ai change d’ici là 😦 …

    Ici c’est monsieur qui a pris le poste stable permettant d’aller chercher les enfants si besoin et qui a adapté son rythme pour aller chercher mini pouce chez la nounou. Étonnamment dans sa boîte c’est ultra répandu que les papas bloquent le créneau à partir de 17h30 pour aller chercher les enfants… donc c’est bien que certaines boîtes conçoivent parfaitement le fait qu’un enfant ça se fasse à deux!

    Bref, sujet sensible ici aussi comme tu vois…

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    1. Merci, Melimelanie : ça me fait du bien de te savoir engagée pour lutter à ton échelle !
      Il faut bien commencer par là, de toutes façons, même si parfois, je me dis que j’aimerais pouvoir faire encore plus : je vais chaque année dans la classe d’une amie prof en collège pour sensibiliser les filles aux métiers de la science. Ça ne changera pas forcément leur vie, mais ça leur donne peut-être un exemple de voie qu’elles n’auraient pas envisagé autrement ? Enfin, j’espère….

      L’exemple que tu donnes sur le manager discriminant est flagrant : il sera le premier à crier à l’injustice quand ce genre de situation arrivera à ses filles (même si, comme toi, j’espère de tout coeur que les mentalités auront évolué d’ici là), et il ne remet pas son comportement en question. C’est le genre de situations qui me désespèrent….

      Même si, dans des boîtes comme celles de ton mari, les mentalités commencent à évoluer : ça laisse un peu d’espoir, car il serait temps que le monde du travail réalise que, comme tu le dis si bien, un bébé, ça se fait à deux ! 😉

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  4. Je travaille dans un gros groupe mais j’ai la chance de ne jamais avoir subi de pressions au niveau du travail et encore moins parce que j’ai des imprévus liés au Choupi. Après j’ai toujours eu des femmes (avec des enfants) en chef direct donc cela joue peut être.
    La boîte de mon mari est assez compréhensive pour les absences inhérentes au Choupi mais c’est quand même toujours moi que la crèche appelle en premier s’il faut venir le chercher.

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    1. Comme tu le dis, je pense que le fait d’avoir des chefs femmes a tendance à atténuer la discrimination envers les mères, et tant mieux ! En espérant que cette tendance devienne rapidement une norme….

      Quant à la crèche qui contacte la maman en premier, c’est l’exemple typique qu’il y a encore beaucoup de progrès à faire, sur tous les fronts : c’est le cas aussi pour nous, alors que le boulot de Mister F. et le mien sont à égal distance et temps de trajet de la crèche, que nous avons globalement les mêmes horaires, disponibilités, et responsabilités. Mais qui appelle-t-on en premier ?!

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  5. Aaaaaah quel grand sujet ! 🙂 Ton article est très intéressant et me fait réfléchir.
    Pour commencer je me pose une question en le lisant… La première est : est-ce vraiment possible, un monde où tout le monde pourrait adapter son temps de travail en fonction du moment de sa vie sans que cela soit néfaste pour sa carrière ? Pour certains postes je ne crois pas et mon expérience me le prouve… Je crois malheureusement que parfois, il faut faire un choix et qu’on ne peut pas « tout » avoir (toutes ses après-midi avec bébé et un super poste à responsabilités).
    Par ailleurs je ne suis pas toujours convaincue que dans notre société actuelle etre une femme soit plus difficile. En tout cas pas toujours… Personnellement j’ai eu le choix. Et j ai choisi en pleine conscience de mettre de coté ma carrière pour me consacrer davantage à ma vie de famille. Beaucoup d’hommes n’ont pas le choix. Parce que dans la société actuelle pour un homme prendre un congé parental ou demander un temps partiel reste presque impensable. A tel point que beaucoup d’hommes ne se demandent meme pas s’ils en auraoient envie. Ou qu’ils renoncent, par peur d’affronter leur chef ou les moqueries de leurs pairs.
    Mais sinon globalement je suis d accord avec toi, bien sur 🙂 . Du coup je vais vite me remettre au travail 😉 .

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    1. Merci, Die Franzoesin, pour ce commentaire !

      Pour répondre à ta première question, en espérant ne pas te paraître trop utopiste, la réponse est : non, en effet, tu as raison. Dans le monde du travail actuel, tel qu’il fonctionne, ce n’est pas forcément possible de pouvoir adapter son temps de travail sans en payer le prix sur le reste de sa carrière plus tard.
      Mais je rajoute une autre question : est-ce que cet état de fait est réellement souhaitable ? N’y a-t-il vraiment aucunes alternatives sérieuses pour envisager un fonctionnement différent qui permette à chacun de vivre et de travailler en harmonie ? Je ne suis (malheureusement) pas sociologue, ni économiste, et je n’ai pas de propositions concrètes à te faire pour illustrer mon propos. Mais je trouve cela dommage de ne pas envisager un autre modèle de société, surtout dans nos sociétés dites évoluées, qui permette à chaque individu de concilier le temps passé au travail et un temps d’épanouissement personnel conséquent. Parce que ce système pourrait bénéficier à tous, l’idée n’étant pas d’avoir du temps de loisir, mais du temps en famille pour ceux qui le souhaitent, du temps pour s’investir dans des associations ou du bénévolats pour d’autres, etc etc….
      Bref, je sonne un peu hippie, mais je suis persuadée qu’un autre modèle est possible, et je trouve triste qu’on accepte un état de fait injuste sous prétexte qu’il n’y a pas d’autres solutions faciles à mettre en oeuvre.

      Quant à ton deuxième point, je reste persuadée qu’il est plus difficile d’être une femme dans nos sociétés : l’exemple que tu donnes est vrai. Certaines femmes ont le choix de ralentir leur carrière pour prendre le temps pour leurs enfants, et je suis sincèrement heureuse pour elles qu’elles aient cette liberté-là. Mais, comme tu le dis si justement, on ne laisse pas cette opportunité aux hommes, et pourquoi ? N’est-ce pas, au moins en partie, parce que les tâches attribuées par défaut aux femmes au foyer ne sont pas valorisées dans la société ? Pourquoi une femme à la maison n’est-elle pas rémunérée pour l’éducation qu’elle donne à ses enfants ? Pour la logistique de fonctionnement de la maison ? Pour les milliers de tâches qu’elle effectue et qui sont indispensable au quotidien ?
      Là encore, je prône une société où toutes ces tâches attribuées par défaut aux femmes soient reconnues et valorisées. A partir de ce moment-là, on arrêtera de regarder de travers un homme au foyer. Parce que, comme toi, je suis aussi sensible au revers de la médaille, payée par nos compagnons, maris et pères : ne pas nous laisser le choix à nous, les femmes, c’est les priver de ce choix également, voire même de l’idée de ce choix. Et c’est un drame.

      Mais moi aussi, globalement, je suis d’accord avec toi ! 😉

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      1. Ah c’est trop bien de débattre avec toi ça m’intéresse ! Concernant le modèle que tu prônes oui alors je te suis mais je ne sais pas encore si c’est vraiment possible et surtout comment… En tout cas ça me donne envie de me renseigner davantage sur le thème de la décroissance. Et si après tout on ne travaillait tous que 30h par semaine ?! Moi je serais pour… Concernant la valorisation des tâches féminines c’est plus compliqué. Quand je passe du temps avec Pierre j’ai avant tout l’impression que je le fais par plaisir. C’est pour ça que je suis mal à l’aise avec la rémunération des femmes au foyer…

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        1. En effet, les théories décroissantes me séduisent de plus en plus, surtout lorsqu’on voit l’évolution de nos sociétés économiques, ces dernières années. Et en effet, un temps de travail largement réduit pour un meilleur équilibre personnel et sociétal me tenterait beaucoup.
          Quant à la rémunération des femmes au foyer, j’ai poussé jusqu’au bout le raisonnement, mais je pense que sans forcément aller jusque là, qu’une réelle valorisation de ces tâches, typiquement attribuées aux femmes au foyer, serait un début de reconnaissance pour ces femmes en particulier, et, par extension, pour toutes les femmes.

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  6. Jusqu’à il y a quelques mois, je pensais (naïvement) que, puisque avoir des enfants concernait 80% de la population à un moment de sa vie, une fois passés la grossesse et le congé maternité, ça ne posait plus de problème à personne tellement ça faisait partie du déroulement naturel de la vie. A l’heure actuelle, j’ai bien déchanté mais ça me sidère toujours… Quel être humain normalement constitué peut reprocher à son prochain de faire une des choses les plus naturelles au monde ? Comment se fait-il qu’on se prenne des réflexions de la part de son employeur, de ses collègues sur le sujet alors que rien ne les justifie ? Pourquoi n’intègre-t-on pas plus naturellement les parents dans le monde du travail alors que ceux-ci représentent la majorité de la population ?
    J’ai la chance d’avoir un mari qui ne se met pas de barrière homme-femme en matière de gestion domestique et on se partage absolument tout, y-compris (et surtout) la gestion de Croquette : celui qui est le plus disponible à l’instant X s’occupera d’elle et c’est tout. Quand j’ai repris le travail après mon congé mat’, je bossais dans une startup de 5 personnes, où le boss était le plus âgé du haut de ses 33 ans, où tous sans exception considéraient que notre boulot était un investissement H24 et que thune, voyages et fiestas étaient les seules choses pouvant rythmer le quotidien. Autant dire qu’avoir un enfant était à 10.000 lieues de leurs priorités et de leur conception de la vie… J’en ai bavé (j’avais fait un article sur ça sur SNT d’ailleurs) et j’ai fini par changer tellement les réflexions constantes sur mon investissement et ma disponibilité revenaient tous les jours sur le tapis, y-compris comme menaces dans les dernières semaines. Comme Hermy, j’ai actuellement 2 boss, des femmes dans la quarantaine, mamans de 3 enfants chacune : ben rien à faire, c’est une conception radicalement différente de la conciliation vie privée-vie pro. Personne ne s’étonne que j’adapte mon horaire selon la crèche, je n’ai pas de remarque désagréable, le travail n’est JAMAIS considéré comme prioritaire s’il y a un imprévu enfant (on s’arrange entre nous). Parce qu’au fond, on est tous dans la même galère en tant que parents.
    Ce qu’il manque dans la société actuelle, c’est un congé paternité obligatoire équivalent, c’est un investissement des managers dans des solutions alternatives pour faciliter le travail des parents, c’est un meilleur soutien de l’Etat à ces mêmes parents.

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    1. Bravo bravo, et merci pour ton témoignage !

      Comme tu le dis, les parents représentent la majorité des acteurs du monde du travail, et il paraît tout simplement absurde de ne pas prendre en considération les contraintes inhérentes à leur rôle familial. Ou, comme dans la situation actuelle, ne les faire peser que sur les épaules des femmes, qui doivent trouver comme elles peuvent les moyens de tout concilier.

      Oui, tu as bien raison, les solutions de long terme sont forcément des solutions plus profondes, globales, et pas seulement celles mises en place dans certaines sociétés plus sensibles à ces aspects-là. Quoique j’ai l’espoir que le bon exemple montré par quelques boîtes, (plus ou moins grosses, d’ailleurs) puisse permettre aux jeunes embauchés de choisir leur carrière en prenant en compte ces aspects-là. C’est en tout cas clairement ce que nous avons fait, Mister F. et moi, mais notre cas particulier n’est pas forcément accessible à tout le monde (et c’est injuste).

      En tous cas, si je veux retenir un message positif de ton témoignage, c’est qu’il y a de moins en moins de couples de jeunes parents qui fonctionnent avec une répartition sexuée et traditionnelle des tâches : on ne compte plus le nombre de papas qui s’impliquent dans l’éducation de leurs enfants, dès la naissance. Comme tu le dis, nous aussi, on partage absolument tout, et c’est agréable de se savoir épaulée à 100% pour quelque chose d’aussi primordiale que l’éducation de notre fille.

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  7. Hum … je ne peux rien dire puisque j’ai fait les choix « inverse » : devant la faible offre en matière d’emplois et de carrière dans mon secteur, je « profite » de mon chômage pour faire des enfants … Je ne sais pas si c’est mieux … d’un coté pas de carrière entre parenthèse puisqu’elle n’a pas débuté, mais un trou après mes études, aucune latitude en terme de localisation, et si ça enlève au recruteur « l’angoisse » d’une prochaine grossesse, reste la logistique parentale incompressible …
    Bref, je ne sais pas si en revenant sur le marché du travail avec deux enfants en bas âge je vais trouver quelques choses ou finir mère au foyer par défaut …

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    1. Oh mais on est un peu dans la même situation toutes les deux… ! ça me fait un peu peur ce « trou » dans ma carrière quand les enfants rentreront à l’école et que je voudrais vraiment lancer ma carrière. Parce que, même si j’adore m’occuper de mon enfant (et futurs enfantS), je sais aussi que mère au foyer ce n’est pas pour moi et que j’ai besoin de faire ce qui me plait pour m’épanouir…. conseils avisés de ma belle-mère elle-même mère au foyer avec 5 enfants et qui ressent un « manque » d’avoir si peu travaillé, même si elle est ravie d’avoir été présente pour ses enfants.

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      1. ^^
        Moi aussi, surtout que dans l’absolu, comme on en voudrait 4, on le projet de relancer un « doublé » comme nos aîné (sauf si j’ai la chance d’avoir une grossesse gémellaire) quand n°2 rentrera en maternelle … Au final, si je ne trouve rien, ça fera 10 ans de trou entre l’obtention de mon diplôme et le début d’une carrière … est-ce qu’il ne me faudra pas carrément reprendre une formation courte à ce moment là?

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    2. Mais si, au contraire, tu as plein de choses à dire Mam’Weena ! Il s’agit plutôt de savoir quelle place on réserve aux femmes et notamment aux mères dans notre société, que ce soit dans le monde du travail ou pour tout le reste, pour tout ce qui fait tourner la machine au quotidien !
      Les angoisses que tu anticipes d’un retour compliqué dans le monde du travail suite à tes maternités sont justement les injustices que j’aimerais voir disparaître, et qui, j’en suis persuadée, seraient largement atténuées par une reconnaissance à part entière de la valorisation des tâches des mères au foyer, et part l’instauration d’un congé paternité conséquent et obligatoire, et la mise en oeuvre de solutions alternatives par les employeurs envers tout jeune parent (père comme mère).
      Tu ne penses pas qu’un recruteur qui reconnaîtrait ton travail et ton investissement de ces dernières années à leurs justes valeurs aurait plutôt de quoi être impressionné, rassuré sur ta motivation, ta ténacité, ta rigueur et ton sens de l’organisation et de l’improvisation, plutôt que d’être freiné par le fait que tu es mère ? Pour justement pouvoir bannir cette triste expression de « mère au foyer par défaut » ?

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  8. Je ne sais pas trop comment réagir à ton article…
    Bien sûr, je suis totalement d’accord avec toi sur le fait qu’il faut laisser le choix, aux femmes, aux hommes, aux couples, et que la société enferme trop dans les clichés.
    Après ça m’embête un peu quand j’entends parler de projets de loi pour limiter les mi-temps chez les femmes, entre autres exemples. Parce que moi, qui pourtant était loin d’être une « fan des enfants », j’ai découvert à la naissance de Crapouillou un lien indéfinissable entre la mère et son enfant. Et que (si je travaillais) j’aurais adoré pouvoir diminuer mon temps de travail pour concilier vie professionnelle et vie personnelle. Parce que pour moi, la vie de famille prime sur ma carrière. Parce que j’adore mon boulot, je sais que c’est hyper important de s’épanouir professionnellement (et ça me manque !) mais que faire un enfant pour qu’il soit éduqué par d’autres ça me plait pas (avant l’entrée à l’école bien sûr !). Et qu’aujourd’hui je me retrouve face à une autre aberration : pourquoi faudrait-il que je paye quelqu’un pour s’occuper de mon fils pour que j’aille travailler pour avoir des sous pour la payer… au lieu d’être directement payée pour m’occuper de mon fils moi-même ??!!
    Enfin bref, c’est très ambivalent comme sujet, car c’est une honte qu’en 2016 des femmes soient mises au placard pour avoir fait un enfant et que leur carrières soient freinées, mais n’oublions pas que pour encore beaucoup de femmes c’est un choix de mettre leur carrière de côté pour s’occuper de leurs enfants et ne tombons pas dans l’extrême inverse où on leur en empêcherait. Et je trouve qu’aujourd’hui la société ne combat pas comme il le faudrait, car j’ai l’impression que donner plus de « chances professionnelles » aux femmes se fera au détriment des autres. J’espère me tromper, bien sûr, et j’adhère totalement à ton coup de gueule : plus de reconnaissance pour toutes les femmes, quelles qu’elles soient ! Et ça, ça ne pourra se faire qu’avec la participation des hommes et la répartissions équitable des droits et des devoirs liés à la vie familiale 🙂 (toujours sans obligation, que chaque couple soit libre de choisir l’équilibre qui lui convient).

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    1. Bravo, bien résumé ! Comme tu le dis à la fin, la participation des hommes à ce changement de mentalité, la répartition équitable de toutes les tâches inhérentes à la vie de famille et la prise de conscience des employeurs sont les seules solutions pour modifier cet état de fait.

      Je n’ai jamais entendu parler de mesures pour limiter le temps de travail partiel des femmes : c’est récent ? Bien sûr, sur le principe, je suis entièrement d’accord avec toi : ce n’est pas une solution, de limiter le droit de certaines à vouloir adapter leur temps de travail, sous prétexte qu’elles le paieront plus tard ! Bien au contraire ! Ce qu’il faudrait, c’est que celles et ceux qui le souhaitent puissent adapter leur temps de travail pendant une période donnée, sans que cela ait un quelconque impact sur leur suite de carrière, et ça, c’est pas gagné !

      Par contre, je ne suis pas persuadée, comme tu le dis, que, de nos jours encore, ce soit toujours un choix que de mettre entre parenthèses sa carrière pour s’occuper de ses enfants. Et c’est bien ma question du jour : est-ce vraiment un choix ? Ou est-ce parce que les alternatives existantes ne sont pas acceptables ?

      Quant au fait que la vie privée prime sur la carrière, je suis entièrement d’accord avec toi, mais je suis également persuadée que je peux moi-même répartir mon temps et surtout mon investissement moral pour privilégier ma famille, tout en continuant mon job à temps complet. Cela n’est pas forcément le cas pour tout le monde, c’est très variable selon les postes et les entreprises, mais c’est clairement ce que nous essayons de faire au quotidien, Mister F. et moi.

      Bien que je sois d’accord avec toi en ce qui concerne l’aberration de devoir travailler pour avoir les moyens de payer quelqu’un pour s’occuper de ton enfant, je me sens un peu blessée par ton expression « faire un enfant pour qu’il soit éduqué par d’autres » : est-ce vraiment ce que tu penses des mères qui décident de reprendre le travail à temps complet ? Je n’ai pas l’impression de rater l’éducation de ma fille parce qu’elle va à la crèche….
      Bon, et parce qu’on se connaît bien, je vais me permettre de te titiller sur « le lien indéfinissable entre la mère et son enfant » : pour moi, ce serait plutôt « entre le parent et son enfant », que ce parent soit père ou mère. Et auquel cas, pourquoi toujours privilégier la présence de la mère auprès de son enfant, plutôt que celle, également extrêmement épanouissante, du père ?

      Bon, je vois qu’on se rejoint sur l’essentiel, en tous cas : la société ne combat pas suffisamment cette injustice, et il y a encore du chemin à faire pour montrer un peu plus de reconnaissance à toutes les femmes !

      PS : merci beaucoup pour ce commentaire, qui permet de faire vivre ce débat qui, comme on le voit, est encore bien vivant en 2016 ! 🙂

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      1. Oh non, je ne voulais pas te blesser ! (tu vois, c’est exactement ce que je voulais dire quand je te disais que je ne sais pas toujours bien formuler mes phrases pour qu’elles ne soient pas mal interprétées !!). Bien sûr que non, je ne penses pas que les mères qui reprennent leur travail à temps plein sont des mauvaises mères !! Je sais bien que parfois les mères (et d’ailleurs : les parents 😉 ) n’ont pas le choix, et que pour d’autres c’est justement un choix, comme toi, de conserver un travail à temps plein et de trouver des arrangements pour concilier carrière professionnelle et vie familiale : et d’ailleurs je vous admire de réussir à tout mener de front ! Je disais juste que dans mon cas, même si je regrette mon travail, je suis ravie de pouvoir m’occuper moi-même de mon enfant car ça m’aurait brisé le coeur d’avoir fait un enfant pour qu’il passe plus de temps avec une nounou (ou à la crèche) qu’avec moi/nous. Et c’est pour ça que dans mon cas personnel, un travail à temps partiel serait vraiment l’idéal.

        En fait, ce qui me gène dans ce genre de débat, ce sont les réclamations féministes d’égalité parfaite entre les hommes et les femmes. Pour moi, l’égalité n’est de base pas possible, puisque nous sommes différents. Et pas uniquement physiquement (pénis/utérus). Il ne faut pas oublier que oui, nous avons des fonctionnements différents, des pensées différentes, des intérêts différents. Alors bien sûr, c’est très général, et il ne faut pas s’enfermer dans une « schéma type » comme les hommes aiment les voitures et les femmes aiment la cuisine… mais n’empêche que nous sommes différents et ça il ne faut pas le nier. Je pars du principe que dans la vie il faut faire des choix et il faut les assumer. Et que parfois on part avec des « attributs » qu’on n’a pas choisi mais qu’il faut les assumer quand même. Et de ce fait, je suis une femme, c’est à moi qu’il incombe (et non pas à mon mari) de porter l’enfant, de le mettre au monde, et de le nourrir (dans un cas d’allaitement maternel) au début de sa vie. Et par ce choix de couple de faire un enfant, nous assumons le fait que ma carrière soit mise entre parenthèse le temps de la maternité.
        Autant je trouve inadmissible qu’à travail égal une femme et un homme ne touchent pas le même salaire, qu’une femme soit discriminée à l’embauche parce qu’elle est jeune et qu’elle va « sans doute nous pondre un gosse dans les 2 ans », qu’une femme soit pénalisée dans son travail et dans sa carrière quand elle revient après son congé mat ou congé parental. Autant je trouverais ça normal d’avoir un congé maternité plus long pour pouvoir permettre aux mères qui le souhaitent d’allaiter plus longtemps leurs enfants. Quel dommage toutes ces mamans qui doivent arrêter l’allaitement à 2 mois parce qu’elles doivent reprendre leur travail !
        Et autant je trouve ça super de proposer le congé parental aux pères, et même de l’encourager fortement, autant je trouve ça inadmissible qu’il soit obligatoire de partager ce congé parental pour l’avoir en entier. Encore une fois : laissons le choix aux familles ! Après je suis bien consciente qu’aujourd’hui les mentalités sont un peu figées et que les pères n’osent pas prendre ce congé parental. Aux entreprises de changer leurs façon de voir les choses !
        Quand je te parlais du lien entre la mère et son enfant, je parlais surtout des tout premiers mois (6 mois). Ce qui n’empêche pas un lien tout aussi fort avec le papa, mais (toujours les 6 premiers mois de vie) le lien père-enfant est très différent du lien mère-enfant. Je suis tout a fait d’accord avec toi quand tu dis que la présence du père est très épanouissante pour l’enfant – et d’ailleurs j’ai toujours encouragé le papa à s’occuper de Crapouillou et je suis ravie de voir la belle relation qu’ils ont développé. Mais pour moi, au tout début de la vie, la présence de la mère est réellement un « besoin » de l’enfant.

        Enfin bref, c’est un sujet très très vaste, qui englobe énormément de composantes, pas toujours facile à décrypter !

        Pour finir ce pavé, non, tu as raison, ce n’est pas toujours un choix de mettre sa carrière entre parenthèse pour s’occuper de ses enfants – mais n’oublions pas que c’est réellement un choix pour d’autres !
        Un exemple concret me concernant, pour illustrer ce propos : j’ai fais le choix de quitter un CDI pour me rapprocher géographiquement de mon mari et créer une famille. La première année de Crapouillou j’ai été ravie de pouvoir m’occuper de lui, donc les circonstances ont été plutôt bénéfiques pour nous (même si ça n’a pas toujours été facile !). Par contre, le jour où on a un deuxième enfant, clairement mon salaire ne pourra pas couvrir la garde de deux enfants, donc je n’aurais pas le choix que de me mettre en congé parental. Alors la première année du deuxième je serais ravie de m’occuper de lui (des 2 enfants du coup !) et de lui offrir les même choses qu’au premier (notamment allaitement long), mais si une offre d’emploi intéressante se présente pour moi je serais dans une impasse… car il faudra faire un choix compliqué entre épanouissement d’une vie professionnelle et situation financière de la famille. Après, selon le salaire, peut-être qu’on fera le choix de mettre mon mari en congé parental 😀 Bref, on n’en est pas encore là 😉

        Voilà voilà, je m’arrête là. Mais oui, on est d’accord sur l’essentiel 🙂
        Merci à toi d’avoir ouvert de débat ! Qui est vraiment d’actualité cette semaine, avec les deux articles parus sur SNT 😉

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        1. A mon tour de ne pas savoir comment te répondre, ma chère Mme Vélo…
          Pour être tout à fait honnête, ça fait 4 jours que je ressasse, que je cherche, et que je ne trouve pas une réponse qui me convienne.
          Alors, tant pis, je me lance, en espérant ni te blesser, ni enflammer le débat.

          Je ne partage pas ton avis, en ce qui concerne ton argument principal, qui est que la différence intrinsèque entre femmes et hommes, la différence sexuelle naturelle, induirait une différence de comportement innée, et non transmise par l’éducation et la société dans laquelle on évolue. Forcément, comme tu t’en doutes, à partir de là, j’ai du mal à être d’accord avec la suite, même si je comprends ton raisonnement.
          De la même manière, après l’avoir vécu, je reste convaincue qu’un nouveau-né n’a pas plus besoin de sa mère que de son père. Bien sûr, chaque histoire est différente, mais je n’ai jamais eu l’impression d’être plus importante pour ma fille, plus nécessaire, que son père, et ce dès les premiers jours de vie. Je suis avant tout persuadée qu’un nouveau-né a besoin de confort, d’affection, d’amour et d’attention, plus que, spécifiquement, des bras de sa mère. Après, je suis consciente que ce n’est pas une position qui fait l’unanimité, loin de là (d’ailleurs Camomille me le dit un peu plus bas ! 😉 ).

          Comme tu le dis, c’est un sujet très vaste, et on voit à travers nos échanges qu’il y a encore beaucoup à dire : ça me réjouit de pouvoir en discuter ici, alors encore une fois, merci !

          Pour finir, tu donnes le parfait exemple du dysfonctionnement qui m’a fait pousser ce coup de gueule : choisir de t’arrêter pour Crapouillou pour une période donnée, et faire la même chose pour son petit frère ou sa petite soeur, ne devrait pas être suffisant pour te fermer la porte du monde du travail jusqu’à leur scolarité (et encore, en France, ça commence relativement tôt !). Que la comparaison des frais de garde par rapport à ton salaire soit la raison principale de ta reprise du travail, ce n’est pas une situation acceptable. On en reparle d’ici là (quoi, dans 2 ans, à tout casser ! 😉 )

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  9. Je suis un peu comme Franfran (ouais, en fait, tu avais raison :p), je ne suis pas sûre qu’il y ait une solution au problème…

    Il y a une raison physiologique au congé maternité des femmes, parce que l’accouchement est vraiment dur physiquement et psychologiquement, et on n’a pas trop de deux mois et demi pour s’en remettre (en fait, en l’écrivant, ça me paraît même ridicule, deux mois et demi !). Pour l’homme, il faut dire ce qui est, c’est quand même moins dur. Ils ne connaissent pas l’entrejambe éclatée (ou le bide ouvert), la chute d’hormones, et le tsunami psychologique que c’est d’avoir sorti un enfant de soi-même. Ils n’allaitent pas, non plus. Du coup, quelle raison pragmatique de leur donner un congé équivalent à celui de leur femme ? Le fait qu’on soit enceintes et qu’on accouche, c’est une discrimination naturelle, qui fait qu’effectivement, à un moment, on est obligée, si on veut avoir un bébé, de ne pas se consacrer à 100% à notre travail. Alors que pour les hommes, aucune entrave physique !

    J’ai tourné plein de fois la question dans ma tête, mais je ne sais pas comment empêcher ça. D’ailleurs même si on donnait un congé équivalent aux hommes, ça n’empêcherait pas certaines femmes d’avoir besoin de s’arrêter plus tôt, dès leur premier mois de grossesse. Et les dés seraient toujours pipés au moment de l’embauche, entre un homme qui s’arrêtera seulement quatre mois et une femme qui peut s’arrêter beaucoup beaucoup plus en cas de problème. Et c’est normal pour une entreprise de penser comme ça (je dis pas que c’est bien, attention !), de prendre la personne la plus « sûre ». Même nous quand on a choisi notre nounou, on s’est naturellement tournés vers celle qui avait l’air en très bonne santé, parce qu’on voulait être sûre qu’elle ne nous lâche pas (et de fait, plus d’un an qu’on est avec elle, pas malade un seul jour ! Nounou de compète !). Je ne vois pas comment changer cet état de fait…

    A part évidemment, à faire changer les mentalités. Que les entreprises deviennent plus humaines et plus éthiques. Qu’elles comprennent que la plupart des femmes font des enfants parce que c’est comme ça que le monde tourne, et qu’elles l’acceptent (je pense d’ailleurs que c’est comme ça que fonctionne une partie des entreprises). La vraie égalité, elle n’est pas possible, puisqu’elle n’existe pas d’un point de vue physique. Il faut, de toute façon, pour intégrer pleinement les femmes au monde du travail, faire un travail d’acceptation d’une perte de profits potentielle. Moi qui suis humaniste et anti-capitaliste, évidemment, je suis pour, mais le calcul froid et distancé (organiser un départ, organiser un recrutement, organiser une passation de fonctions, former la personne qui remplace, renvoyer la personne qui remplace avec ses indemnités de contrat précaire, réintégrer la jeune maman qui revient de congé/arrêt à son poste initial dans une entreprise qui a changé durant tous ces mois…) n’est clairement pas en notre faveur !

    Après, pour tout ce qui est temps partiel, congé parental, parent au foyer, etc., ce qu’il faut changer, c’est le sexisme ambiant. Ce qui fait que ces mesures sont « réservées » aux femmes (même si pour le congé parental par exemple, s’il est pris pour mener à terme un allaitement, par exemple, il peut y avoir une inégalité physiologique) (après, la personne qui s’arrête ou travaille moins est souvent celui qui gagne le moins – calcul logique – et là encore, l’arrêt inhérent à la grossesse et l’accouchement peut freiner une carrière, et donc provoquer cette différence de salaire, donc c’est un peu le serpent qui se mord la queue). Mais pour ce qui est du sexisme bête et méchant, j’ai personnellement bon espoir que les choses changent avec les générations qui arrivent 🙂

    (bref, je t’ai fait un pavé, mais je pense vraiment que dans toutes ces histoires de mères au foyer/discriminées, il n’y a pas qu’une question de sexisme)

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    1. En effet, tu as raison (et Franfran aussi !) : il n’y a pas forcément de solutions, au moins dans l’état actuel des choses. Mais je voulais juste dire que ce n’est pas une raison pour ne pas trouver ça injuste, na ! (tu as vu mon niveau d’argumentation ? 😉 ).

      C’est vrai, tu soulèves un point très important : on a beau être pour l’égalité entre les femmes et les hommes dans tous les domaines, la grossesse, l’accouchement et éventuellement l’allaitement restent des domaines féminins par nature. Et comme tu le dis, modifier la durée d’un éventuel congé paternité obligatoire ne rééquilibrera jamais cela. Par contre, est-ce que ce n’est pas le premier pas vers une reconnaissance accentuée du rôle des pères ? Vers une reconnaissance que l’absence de quelques mois de l’entreprise ne sonne pas forcément le glas d’une carrière ? Ce serait, pour moi, les vertus d’un congé paternité comparable à celui des mères : renforcer le rôle du père au sein de la cellule familiale. Comme tu le dis toi-même, et comme l’on dit la plupart des commentatrices, ce rôle est déjà en train de changer dans les couples de notre génération : un congé paternité obligatoire serait la suite logique pour renforcer ce mouvement, même si, comme tu le dis très justement, les raisons seraient purement sociologiques, et plus ni physiologiques, ni tout simplement logiques 😉

      Moi aussi, je crois en un avenir où les entreprises seraient plus éthiques et plus réalistes face aux personnes qu’elles emploient. Et en dehors de la période de la grossesse, de l’accouchement et de l’allaitement, on peut aussi faire le constat que la vie de parents, après le retour de la mère au travail, n’est pas non plus idéale.
      Comme le dit si bien Miss Chat, n’est-ce pas aberrant de fonder un modèle de monde du travail sur un système archaïque qui ne prend pas en considération le fait que 80% des personnes ont des enfants ?
      Tu as parfaitement raison, le calcul froid et distancé n’est pas, a priori, entre notre faveur. Mais si on regarde plus loin que les quelques mois d’absence (prévus à l’avance, hein, pas comme celui qui revient du ski avec les ligaments croisés déchirés et qui doit prendre, du jour au lendemain, 3 mois d’arrêt et d’immobilisation totale ! 😉 ), n’est-ce pas plus profitable, sur le long terme, que l’entreprise conserve les employés formés et efficaces, plutôt que de voir partir toutes les femmes vers d’autres carrières plus adaptées ? Un salarié heureux dans sa vie personnelle est un salarié disponible et motivé pour l’entreprise, non ?

      En ce qui concerne les congés parentaux, tu as raison, c’est la mentalité sexiste qu’il faut changer, et moi aussi, j’ai l’impression que c’est en train d’évoluer ces derniers années, tout doucement, hein, mais clairement. Même si, on retombe vite dans le cercle vicieux du plus faible salaire qui s’arrête et qui, oh mais quel hasard (!), est, pour la grande majorité des cas, celui des femmes !

      Merci pour ce pavé, en tout cas ! Tu as raison, tout n’est pas qu’une histoire de sexisme, il y a effectivement une part de discrimination naturelle inhérente au rôle des femmes dans la maternité. Mais, tu en conviendras, ce n’est pas une raison suffisante pour que cela impacte tout le reste (salaires inférieures, temps partiels subits ou inadaptés, pression ou discrimination à l’embauche), n’est-ce pas ?

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  10. (j’espère que mon commentaire s’est bien envoyé, je sais plus comment ça marche, chez toi, si c’est normal que je ne le vois pas… Ou c’est peut-être parce que j’ai mis une autre adresse mail, qui doit être validée préalablement ?) (je t’avoue que ça m’embêterait, ayant écrit un bouquin sociologique en guise de commentaire)

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  11. Oh je termine de lire ton article et je viens justement de publier quelque chose d’assez similaire, sur ma propre expérience. En effet, nous n’avons pas franchement d’options alléchantes lorsqu’on devient mère ! Les possibilités d’évolution ont été stoppées nettes quand j’ai annoncé ma grossesse ! Alors que l’entreprise aurait pu faire un effort pour me garder motivée. À ce jour nous nous sommes séparés « à l’amiable ». Mais c’est surtout que je suis partie, ne voyant aucun épanouissement personnel et professionnel à l’horizon ! Et je dis oui à une vraie égalité des sexes ! N’hésite pas à jeter un oeil à mon article 😉 Bises

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  12. Je partage complétement l’avis de Chat-mille et allait écrire quelque chose dans ce sens. Je rajouterai qu’il y a également le fait qu’un tout petit bébé a davantage besoin de sa mère que de son père. Pas pour lui donner le bain ou le biberon, non, là je suis d’accord, les rôles peuvent et doivent être partagés. Mais bébé a passé 9 mois dans le ventre de sa mère. Son univers se résume à elle : sa voix, son odeur… et il croit qu’il fait partie d’elle. Le papa a beau être présent et impliqué, il reste un intrus au tout début.
    De ce fait, je ne remets pas en cause le congé mat’ pour la maman uniquement (à part que 90 jours c’est peu !) mais plutôt, comme le disais, l’acceptation de celui-ci dans le milieu de l’entreprise (sans parler de celles qui sont en libérales, là aussi il y aurait des choses à changer !!!)
    Et ça commence par éduquer nos enfants et là, la société ne nous facilite pas la tâche ! Des jeux, des draps, des vêtements mixtes et jolis ? Il y en a tellement peu ! La différence d’éducation en fonction du sexe ? Elle est omniprésente ! Combien de fois n’ai-je pas entendu des parents expliquer à mon fils qui voulait jouer avec la poussette de leur fille que « c »est pour les filles, un garçon joue avec une voiture » ? Que j’ai entendu un père dire à son petit garçon qui venait de tomber : « ne pleure pas, un garçon ça ne pleure pas ». Des exemples comme ça, il y en a pléthore, et ce n’est pas toujours facile d’aller à contre-courant !

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    1. Comme je le disais justement à Mme Vélo juste au-dessus, je suis pas persuadée qu’un nouveau-né ait plus besoin de sa mère que de son père, ni que celui-ci soit un intrus au début. En tous cas, ce n’est pas comme ça que ça s’est passé à l’arrivée de Poupette dans notre famille.

      Mais pour tout le reste, je suis bien d’accord avec toi ! Congé maternité bien trop court, mentalité bien trop étriquée du côté des employeurs (et, comme tu l’as justement fait remarqué, les libérales sont encore plus mal loties !), et surtout surtout, là où je te rejoints complètement, c’est sur la difficulté de donner à nos enfants une éducation non-stéréotypée : Poupette est encore bien petite, mais déjà je me pose des tas de questions quand je vois la vitesse à laquelle elle réagit à nos comportements, à nos paroles. Pour l’instant, nous pouvons encore assez facilement maîtriser les environnements dans lesquels elle évolue, mais j’imagine qu’avec l’entrée à l’école, ça devient vite impossible. On en reparle en septembre 2017 ? 😉

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  13. J’avais gardé ton article de côté parce que tu touches un domaine qui m’intéresse beaucoup. Et j’aime beaucoup ta façon de voir les choses même si je te trouve fort optimiste.
    Comme je disais sur un autre blog je suis convaincue qu’il n’y a pas de raisons -autre que les normes sociales – à avoir des rôles pour papa ou pour maman. A l’exception de la grossesse, accouchement et allaitement qui nous ont été attribués par mère nature. Un papa qui prend le temps de s’occupe de ses enfants y arrive aussi bien qu’une maman.
    Je pense que les 2 parents devraient en effet partager la responsabilité des enfants et par la même l’impact sur la carrière. Mais après l’accouchement la maman a besoin de plus de récupération que le papa. On se reposerait bien mieux avec le papa à la maison certainement, mais je ne pense pas que l’état actuel des caisses de la sécu le permette. Et ce repos là on doit accepter qu’il ralentisse un peu notre carrière.
    D’un autre côté ça serait tout autant injuste qu’on revienne au boulot, après un an de congé parental, au même niveau que ceux qui ont travaillé toute l’année. S’occuper de son enfant est un boulot certes mais c’est aussi un choix, et comme Alice je pense qu’on ne peut pas avoir le beurre et l’argent du beurre.

    Mais il y a une différence entre mettre sa carrière sur pause pour accoucher,et être discriminée à l’embauche parce qu’on est susceptible de procréer… Pour ça on doit travailler comme tu dis. En commençant par ne pas reproduire le même schéma quand ce sera à notre tour d’embaucher. Je voudrais aussi sensibiliser nos enfants dans l’espoir d’intégrer dans leur mentalité que donner naissance c’est normal et que eux aussi feront des enfants et que leur femmes auront besoin de congés.

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    1. Merci pour ton commentaire, Flora !
      Moi aussi, je l’ai gardé de côté pour prendre le temps d’y répondre correctement, car plusieurs tournures de phrases m’interpellent. 🙂

      Mais commençons par le commencement : j’avais vu le commentaire que tu mentionnes sur la norme sociale qui induit les rôles de père et de mère, mais qui n’est pas un réel besoin de l’enfant. Et je suis ravie de te dire que je te rejoins à 100% sur ce point. J’en rajoute même une couche en te disant que mon sentiment s’est encore renforcé depuis que je suis devenue maman, et que je vois à quel point Mister F. comble tout autant les besoins de notre fille que moi-même.

      Par contre, je n’arrive pas bien à cerner le reste de ton discours sur la reprise du travail après avoir eu un enfant : tu dis qu’il serait anormal de revenir au travail après un an de congé parental au « même niveau que ceux qui ont travaillé toute une année ». Je le conçois, même s’il faut modérer en fonction du métier et du poste occupé. Je comprends aussi ce que tu veux dire sur le choix de s’arrêter pour s’occuper de son enfant, choix qui, par définition, implique qu’on décide de ne pas travailler.
      Mais alors où places-tu les mères qui s’arrêtent pendant les 3 mois obligatoires de leur congé maternité et ne prolongent pas par un congé parental ? Considères-tu qu’elles ont « mis leur carrière sur pause pour accoucher » ? Doivent-elles accepter que ce « repos ralentisse leur carrière » ? J’avoue que c’était plutôt ce cas-là que je voulais dénoncer dans mon article.

      Enfin, comme tu le dis, même si je veux rester optimiste, ça va mettre du temps, pour faire évoluer les mentalités, et ça commence par nous, par nos choix au moment d’embaucher, et, évidemment, par l’éducation de nos enfants (mais bon, ça, quelque chose me dit qu’on est tout à fait sur la même longueur d’onde, toi et moi ! 😉 ).

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      1. Oui en effet on est assez d’accord.
        Pour les 3 mois de congés je ne sais pas trop. Dans le privé où le rythme est assez soutenu ça peut être beaucoup, mais dans le monde de la recherche peut être un peu moins (sauf si on est dans un domaine comme le mien où la grossesse est déjà contraignante).
        Quand je dis mettre sa carrière sur pause je veux surtout dire que c’est fort possible qu’on ne reçoive pas une promotion l’année de son accouchement et que je ne trouve pas ça choquant. Parce que pour le coup je pense que ce serait pareil pour un homme qui serait en incapacité de travail pendant 3 mois. Le seul moyen de ne pas avoir d’impact reste malheureusement de ne pas prendre de congés à la Marissa Mayer ou Rachida Dati.

        Je parlais de congés parental parce que je pense que ce n’est pas le congé maternité qui est le premier responsable des inégalités. Je pense que ce qui joue beaucoup dans l’écart des salaires hommes /femmes c’est surtout les aménagements du temps de travail et les congés pour enfants malades, actuellement assignés aux mamans majoritairement.
        Et on pourrait arriver à un système plus juste en partageant cette charge avec le papa. Mais il faut reconnaître que toi et moi sommes dans une configuration où partager la charge entre les parents n’affecte pas trop le budget du couple. Quand le papa gagne déjà (avant les enfants) le double de la maman, le partage devient plus compliqué…
        Et on est de retour aux métiers, aux stereotypes genrés et à comment on élève nos enfants 😉

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