Education, Je me questionne

Celle qui faisait semblant

20200409_152013En cette période de confinement, je passe plus de temps auprès de mon aînée que jamais encore depuis sa naissance. Ou presque. Oh, on n’est plus à 15 jours près, hein ? Et puis étant donné la couleur carmin de mon département sur la carte du ministère, rien ne nous dit que cette histoire ne va pas encore durer un peu….

Bref, ça fait bizarre, de le dire comme ça, mais une chose est sûre : cette période intense de cohabitation exclusive et constante en famille me permet de redécouvrir mon aînée.Poupette a toujours été une enfant vive, intense. Passée la période idyllique de mon congé maternité, il me semble que tout a toujours été compliqué avec elle. Enfin non, pas compliqué mais intense. Oui, décidément, c’est vraiment le mot qui la décrit le mieux.

C’était un bébé dont les réveils matinaux étaient aussi soudains que définitifs, et surtout caractérisés par des hurlements stridents. Et quelque soit l’heure, en général entre 5h et 6h30, il était impossible de gentiment comater sur le canapé à côté d’elle. Non, il fallait jouer ACTIVEMENT avec elle, et ce, dès le plus jeune âge.

Son sommeil a été compliqué jusqu’à 18 mois, et encore bien fragile jusqu’à 2 ans. Les choses ne se sont véritablement améliorées qu’à 3 ans, lorsque sa petite soeur l’a rejointe dans sa chambre. Et encore maintenant, Poupette reste une enfant qui ne sait pas se reposer lorsque la fatigue s’accumule, et entre rapidement dans un cercle vicieux où ses réveils se font d’autant plus matinaux qu’elle est épuisée.

Elle nous a fait une belle phase de frustration, au moment de l’apparition de la marche, vers 15-16 mois. Puis un Terrible Two mémorable avec hurlements à se rouler par terre dans la rue, au beau milieu de la route, hein, tant qu’à faire. Ensuite on a eu droit aux crises de décharge, au moment de l’entrée en maternelle. Depuis l’année dernière, on a régulièrement des phases de moins bien, où l’insolence prend le dessus et nous entraîne dans une spirale usante et exaspérante.

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Bref, être son parent n’a jamais été une promenade de santé, et entrer dans la maternité avec un si beau challenge m’a longuement et durablement fragilisée. Mais je suis également persuadée que c’est grâce à toutes ces phases où nous nous sommes longuement interrogés sur ses besoins, où nous avons adapté et réinventé notre manière de faire, que je suis aujourd’hui une maman plus sereine, notamment avec notre nouveau défi, le petit dernier de la fratrie.

Cette année, alors que sa maîtresse s’interrogeait sur la pertinence de lui faire sauter une classe, nous avons rencontré la psychologue scolaire. Le verdict qui a fait suite à cet entretien était, en gros, « votre fille est certes en avance sur certains acquis scolaires, mais elle ne montre pas l’envie de pousser plus loin, elle n’est pas en demande ou curieuse d’apprentissages plus compliqués ». Conclusion, qu’elle prenne son temps à profiter de sa dernière année de maternelle, avant de rentrer en primaire dans un moule encore plus contraint.

Cette conclusion nous arrangeait bien, parce qu’avec ses grandes vagues d’émotion qui parfois encore la submergeaient, nous ne sentions pas notre petite fille prête pour le CP.

Bon, et puis le confinement est passé par là. Et j’ai donc commencé à lui faire l’école à la maison. Et là, nous avons réalisé que notre Poupette avait sciemment caché à sa maîtresse un bon nombre de ses apprentissages. Par timidité ? Par peur de se mettre en avant ? Pour ne pas être différente ?

Bien sûr, sa maîtresse n’étant pas née de la dernière pluie, elle voyait bien l’anguille sous roche, et elle nous a proposé des petits exercices adaptés pour nourrir notre fausse curieuse…. Et entre ces petits défis lancés par sa maîtresse et ceux inventés par son papa (qui n’est pas fils d’instit pour rien !), j’ai vu ma grande fille s’épanouir pleinement.

Elle découvre les joies de la lecture, dont sa sœur profite également. Elle nous pose des questions philosophiques, veut faire des expériences scientifiques et tout comprendre sur le corps humain, etc…. Cette fameuse curiosité qui semblait absente et qui me laissait perplexe est maintenant bien installée dans notre quotidien. Je crois que notre grande fille a enfin compris qu’elle pouvait arrêter de faire semblant.

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Finalement, ce confinement aura eu cet aspect positif, pour notre famille : je comprends beaucoup mieux le fonctionnement de mon aînée, et j’arrive à l’accompagner bien plus facilement dans des apprentissages qui la nourrissent et lui permettent d’être à l’aise dans ses baskets.

Alors oui, je râle de la savoir éloignée de l’école et de la sociabilité qui n’est tellement pas naturelle pour elle, mais j’essaie aussi de retenir les bons côtés, en profitant pleinement de la nouvelle maturité de ma grande fille, enfin plus apaisée.

Bon ben Bébé Koala, tu vois, tu n’as plus qu’à suivre les traces de ton aînée ! Et nous, on va essayer de garder la forme en continuant à se relayer : plus que 5 ans à tenir, hein !


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Et vous, est-ce que cette interminable cohabitation forcée vous a permis de découvrir des faces cachées chez vos enfants ?

27 réflexions au sujet de “Celle qui faisait semblant”

  1. Et du coup CP à la rentrée ? Je ne connais pas encore le programme scolaire mais il me semblait déjà que votre poupette apprenait beaucoup pour son âge !
    (et pour ton dernier article, je blâme le confinement et son multi-tasking 😅)

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    1. Oui, CP à la rentrée ! On reste partisans du fait de NE PAS lui faire sauter de classe. On verra comment elle s’adaptera dans une nouvelle école, avec de nouveaux camarades et surtout de nouvelles règles plus strictes qu’en maternelle. Et puis si le décalage persiste, qu’elle continue à être curieuse et demandeuse, on remettra peut-être la question sur la table, selon les retours de l’instit. Bref on continuera à essayer de s’adapter !
      Oui, pour mon dernier article, j’ai bien senti qu’il y avait un effet confinement 🤷‍♀️

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  2. C’est souvent plus facile pour les enfants de montrer ce qu’ils savent à leur famille. En effet, la famille les connaît le mieux et sait quand ils ne se donnent pas à fond! Et puis, il n’y a pas la présence du groupe qui peut aussi changer la donne. Cela dit il arrive aussi que ce soit l’inverse et qu’un enfant cache à la maison ses apprentissages de l’école car à la maison, il peut encore être un petit alors qu’à l’école on lui demande d’être un grand 🙂 Tant mieux si ce confinement te permet de redécouvrir ta fille!

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    1. Oui, c’est vrai, tu as raison : je pense qu’elle s’est sentie suffisamment en confiance pour montrer tout ce qu’elle savait, mais la connaissant, il y a aussi un petit côté challenge qui l’a stimulée, et qu’elle ne trouvait pas en classe.
      Merci pour ton retour 😘

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  3. Ici, c’est l’inverse 🙈
    Depuis deux ans, les maîtresses de FeuFollet me vantent les prouesses et l’avance de FeuFollet … alors quand il a eu le déclic b-a=bah, j’ai cru que la lecture suivrait toute seule … mais si il déchiffre de mieux en mieux et est tres demandeur, j’ai l’impression d’être trop exigeante 😔
    C’est mon LutinCoquin à qui le cadre de l’ecole manque le plus (et à ses parents aussi 😱)

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    1. Ici aussi c’est bien plus difficile pour Nymphette que pour notre grande….
      Quant à la lecture, Poupette est restée longtemps coincée au stade du B-A-BA, et quand elle a été rassurée sur le fait que même lorsqu’elle saurait lire on continuerait à lui lire des histoires, elle a recommencé à s’intéresser et à vouloir progresser.
      Après FeuFollet prend peut-être plaisir à redevenir ton petit garçon pendant ce temps suspendu ?

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      1. Hum, je vais essayé de le rassurer sur le fait que je lui lirais toujours l’histoire du soir (surtout qu’il a de la marge avec les deux autres bébés qu’on souhaite, on n’est pas prêt de faire sauter les histoires lues par maman)

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    1. Oui, complètement ! Je me sens bien plus sereine et à même de l’accompagner maintenant que je comprends mieux son fonctionnement.
      Quant à sa confiance, je ne sais pas : chez elle, c’est la relation aux autres, le lien social qui est compliqué, donc là ça risque de ne pas être évident à la reprise…. surtout si c’est seulement en septembre !

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  4. C’est un bien joli article avec de belles conséquences.
    Quand on est réservé, pas facile de montrer son intérêt et de poser des questions. C’est bien qu’elle ait pu le faire au sein du cercle familial, elle a confidence en vous.
    Pour ma grande c’est la sociabilité qui lui manque le plus et cadre « normal ».

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    1. Oui, c’est sûr que concernant la sociabilité, ce confinement est une sacrée épreuve…. 😔
      Je ne sais pas comment va se passer le retour à la collectivité, pour ma grande déjà pas si à l’aise 😕

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  5. Oh mon dieu, tu n’imagines pas ce que j’ai ressenti en lisant la première partie de ton article. J’ai eu l’impression de revoir ma fille bébé, celle qui se réveillait hyper tôt le matin, qui luttait contre le sommeil quand elle était épuisée, qui snobait les siestes ou mettait 1h à s’endormir (pour seulement 60 min évidemment). Quant à son terrible two et ses crises encore aujourd’hui, c’est tellement de fatigue…
    Ceci dit, je pense que la comparaison s’arrête là et que ce confinement t’aura permis de découvrir un aspect important de ta puce.

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    1. Oh ben ça alors, je ne savais pas que toi aussi tu avais eu l’option intense ! Mais tu dis que la comparaison s’arrête là parce que la période de confinement a été difficile pour vous ?
      Si je me souviens bien, ta fille est de 2015, ce qui lui fait un an de moins que ma Poupette, et à cet âge, un an ça change tout : ici aussi l’année de MS était encore pleine d’émotions et de quelques tempêtes. C’est vraiment seulement depuis quelques mois qu’elle est plus posée, plus mature.

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      1. Non je me suis mal exprimée ;-). Quand je disais que la comparaison s’arrêtait là, je parlais de la précocité de ta fille alors que la mienne semble être tout à fait dans la moyenne ;-). Ceci dit, lire que ta Poupette s’est calmée en GS me fait du bien. J’aimerais tant sortir enfin de la zone de turbulence !

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        1. Oui, il y a eu un véritable gap de comportement : je n’y croyais plus moi même. Ma Maman me dit que c’est l’âge de raison, et je suis bien obligée de me dire qu’elle avait raison, justement 😂

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  6. Je suis impressionnée par tout ce que tu auras appris d’elle pendant cette période… J’ai le sentiment que c’est le cas de nombreux parents et c’est, je trouve, un des bons côtés du confinement. Pour elle aussi, certainement, cette phase aura été précieuse pour oser être elle-même. Elle a beaucoup de qualités ta Poupette. En tout cas, je lui souhaite de tout cœur de trouver sa voie scolaire : une voie qui l’épanouira entre ses apprentissages, sa curiosité, ses centres d’intérêt et le cadre parfois formel qu’est l’école. Je lui souhaite que ces quelques semaines lui aient donné pleine confiance en elle et qu’elles t’aient donné encore plus de force pour être et rester la merveilleuse Maman que tu es.
    Je vous embrasse fort.

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    1. Oh que tes mots doux me font du bien…. ❤
      Et oui, je trouve que c'est l'un des points positifs les plus importants de ce confinement : mieux la connaître, mieux la comprendre, et en voir mon rôle de Maman bien plus apaisé

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  7. Je trouve ça chouette que le confinement t’ait permis de redécouvrir ta Poupette ! Son caractère me fait beaucoup penser à ma Biscotte, pour laquelle le saut de classe a été évoqué mais comme toi (et avec l’expérience que mon mari et moi avons eu enfant de cela) nous trouvons que pour l’instant il vaut mieux la laisser grandir tranquillement. Finalement elle s’épanouit énormément en aidant ses copains de classe, alors tant qu’on la sentira à l’aise dans sa classe, on préfère ne pas envisager de lui faire sauter un niveau. Et comme ta Poupette, la Biscotte est bien plus curieuse et demandeuse à la maison qu’à l’école 🙂

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