J’aurais pu intituler cet article « Nymphette, les médecins et moi ».
Parce que cette étiquette de « Maman inquiète », que j’ai très nettement sentie collée sur mon front pendant tout le printemps dernier, était toute nouvelle pour moi.
Je n’ai jamais vécu un tel épisode d’incertitude, d’inquiétude et d’incompréhension avec Poupette. Et je ne me suis jamais considérée comme une mère particulièrement anxieuse ou inquiète pour ses enfants.
Maintenant que vous connaissez le récent parcours médical de ma Nymphette, je vais pouvoir développer l’autre aspect si pesant de toute cette période : ce sentiment que pendant des semaines, voire des mois, chaque interlocuteur me classait dans la case « Maman inquiète » et n’écoutait mon discours qu’à travers ce prisme-là.
Quand la mésentente s’installe avec Mister F.
Malgré mon article fleuve de la dernière fois, je vous assure que j’ai essayé d’être synthétique, d’aller à chaque fois au but et d’être claire dans mes explications ! Avec les divers rebondissements, ce n’était pas évident à décrire, et moins encore à vivre.
Mais avec le recul, je crois surtout que le cas de Nymphette se trouvait juste à la frontière entre le retard pathologique qui doit être diagnostiqué, traité et suivi, et le simple retard non pathologique qui se résorbe de lui-même. En fonction des interlocuteurs et de ses différents résultats aux tests, la stratégie qu’on nous a conseillé d’appliquer a varié plusieurs fois : au milieu de tout cela, difficile de savoir quelle attitude adopter, surtout lorsque notre tendance naturelle nous pousse plutôt dans une direction particulière.
C’est cela qui a été le plus difficile à vivre : l’incertitude sur l’attitude à avoir.
Et Mister F. et moi avons réagi complètement à l’opposé, ce qui m’a énormément perturbée.
C’était la première fois que nous divergions autant concernant les choix à faire pour nos enfants : là où lui voulait laisser le temps à Nymphette de trouver des solutions par elle-même, moi j’étais incapable de rester les bras croisés sans rien faire.
Ce qui fait que je me suis retrouvée seule à devoir assumer une grande partie du parcours de soin assez lourd, pour elle comme pour moi, avec plusieurs rendez-vous hebdomadaires. J’étais seule à devoir écouter les divers retours du corps médical, avant d’en faire un résumé, le soir, à un Mister F. opposé à toute cette débauche d’énergie.
Puis, lorsque mes RTTs n’ont plus suffit à me libérer pour accompagner Nymphette aux rendez-vous, Mister F. a été forcé de prendre le relais, ce qu’il a fait, je dois le reconnaître, de bonne grâce.
Mais malgré cela, j’ai senti cette incompréhension peser entre nous, et j’en ai été d’autant plus perdue. Cela m’a forcée à trouver au fond de moi, et par moi-même, la ténacité suffisante pour garder la tête hors de l’eau.
Un corps médical contrasté et des réponses schizophréniques
Mais là où cette histoire devient complètement sarcastique, c’est qu’à chaque fois que c’était Mister F. qui emmenait Nymphette en rendez-vous, on lui tenait un discours rassurant, complètement à l’opposé de celui qu’on me servait à moi.
J’en devenais folle : un même praticien, d’une fois sur l’autre, pouvait avoir un retour totalement différent !
Alors il y avait sûrement bien des raisons à tout cela – le cas de Nymphette était probablement borderline, et il lui est arrivé de faire des progrès considérables entre deux rendez-vous (comme chez la psychomotricienne, par exemple) – mais au fond de moi, je ne peux pas m’empêcher de penser qu’il y a aussi un effet « étiquette Maman inquiète ». Que dans un sens comme dans l’autre, le praticien a été influencé par notre attitude, par nos paroles mais aussi et surtout par ce qu’il voyait en Mister F. et en moi, à savoir un père qui vient plutôt se faire assurer que tout va bien ou une mère qui cherche ce qui ne va pas.
Je n’ai pas envie de vous faire une analyse complète de ce qui nous est arrivé, de teinter tout cela de misogynie tout en laissant planer un vieux parfum rance de paternalisme, mais force est de constater que parmi toutes les personnes du corps médical que nous avons eu comme interlocuteurs, seules les femmes ont su m’écouter.
Là où notre vieux pédiatre de ville moralisateur et paternaliste m’a sèchement envoyée balader, l’auxiliaire puéricultrice en chef de la PMI a pris le temps de m’écouter et de me proposer de rencontrer la pédiatre. Toutes deux ont mis en place des conditions favorables pour que la visite se fasse en toute confiance.
Là où l’orthopédiste a été méprisant, sec et odieux avec moi, avant d’accorder, montre en main, tout juste 30 secondes d’auscultation à Nymphette, j’ai rencontré une psychomotricienne qui a pris le temps de m’expliquer comment faire progresser ma fille, qui m’a avoué que même si son cas était limite, en tant que mère elle aurait également cherché des réponses à ma place.
Là où les hommes ont été durs, méprisants ou paternalistes, comme mon ostéopathe, qui a cherché à trouver une explication psychologique à ma réaction, en lien avec mon allaitement foiré, les femmes ont simplement pris le temps de m’écouter.
Est-ce cela, l’instinct maternel ?
Je n’ai pas envie mettre ce que j’ai vécu sur le compte d’un instinct maternel sacré : j’ai bien trop souffert d’un manque de confiance dans mon rôle de mère pour croire qu’il y ait quoique ce soit de naturel à être la mère de son enfant.
Par contre, maintenant que tout cet épisode est derrière nous, et en voyant la boule que j’ai dans la gorge à poser ces mots sur le papier, ça me donne envie de pousser un gros coup de gueule contre ces praticiens qui oublient que pour soigner un enfant, on a aussi intérêt à prendre soin de ses parents, et que ce n’est pas en ayant une mère angoissée que Nymphette aurait pu grandir librement.
Je n’ai pas toujours rencontré tout le soutien dont j’avais besoin, dans cette histoire, et j’ai dépensé une énergie folle pour être entendue. Et j’aimerais tellement me dire que ça a servi à quelque chose et que celles qui viendront derrière moi n’auront pas à vivre la même chose ! Malheureusement, je ne suis pas assez naïve pour croire que ce vieux pédiatre et cet orthopédiste glacial se remettront en cause ou changeront quoique ce soit dans leur manière de traiter leurs patients.
Alors la prochaine fois que je me retrouverai confronté à eux ou l’un de leurs trop nombreux homologues, ce sera à moi de cacher soigneusement cette étiquette de « Maman inquiète » qui m’a collée au front tout le printemps dernier….
Moi, je pense que oui, il y a une forme de mysoginie et que les mamans on reçoit rapidement des étiquettes…Je ne crois pas non plus qu’il y ait un instinct maternel qui fait qu’on sait exactement quoi faire avec et pour nos enfants…mais un genre de naturel et un immense amour inconditionnel (même si lui aussi il grandit au fur et à mesure qu’ils grandissent) qui peut faire remuer des montagnes s’il le faut.
N’empêche, je n’avais pas pensé à la mysoginie pour le cas de mon fils mais il est vrai que son souci a été décelé par une équipe de femmes, que sa première kiné était une femme et que lorsqu’il a changé pour un homme (il y a un mois), celui-ci m’a dit que le petit n’avait pas grand chose alors qu’il avait les résultats sous les yeux. J’ai changé pour un autre depuis et j’espère que ça sera mieux.
A la base, je pense que nos enfants ont quelque chose qui peut, tout à fait, se corriger mais à cause du manque d’investissement dans les soins de santé et du paternalisme de certains, cela devient un vrai parcours du combattant malheureusement, Et non, je ne pense pas que ce soit près de s’arranger. Courage, courage
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Cela mon conforte dans mon idée que tu me dises que votre expérience est similaire. Je ne veux pas généraliser, mais j’ai quand même l’impression que c’est une tendance non négligeable que de porter un regard condescendant envers les mamans. Et sans parler d’instinct maternel, il ne faut pas oublier que les parents restent les adultes qui connaissent le mieux leur enfant, et si eux trouvent qu’il y a quelque chose qui cloche, c’est bien rare que ce ne soit rien….
Quant au fait que ce n’est pas prêt de changer, non ça, c’est sûr. Par contre, moi j’espère que cette expérience m’endurcira et me donnera cette confiance en moi qui m’a manqué à l’époque.
Merci de tes mots !<3
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Ce n’est pas tant l’étiquette « maman inquiète » qui me dérange (après tout, toutes les mères sont inquiètes, non ?) mais le constat – que je ne remets pas en cause – que derrière ce terme il y a surtout « c’est une femme et les bonnes femmes en font toujours des montagnes » Je suis convaincue que mister F aurait partagé ton inquiétude, il n’aurait pas été reçu de la même manière pour autant. Bref, dans la mesure du possible, ces professionnels sont à éviter parce qu’ils sont nocifs. Mais on est d’accord, c’est tellement facile à dire…
Heureusement Nymphette va bien et a une maman maintenant rassurée !!!
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Oui, c’est aussi ce que je ressens, avec le recul : j’aurais aimé qu’on m’écoute en tant qu’adulte responsable et non pas qu’on m’infantilise et qu’on balaie d’un revers de la main mes inquiétudes.
Quant au fait de réussir à éviter ces professionnels de santé, je me demande parfois si c’est moi qui suis si exigeante ou si sensible, mais j’ai l’impression de cumuler et d’avoir rarement la chance de rencontrer des personnes à l’écoute….
Et oui, tu as raison, à présent tout le monde va mieux et c’est l’essentiel ! 🙂
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Je n’ai rien à ajouter par rapport à ce qu’a écrit Camomille. Cela me met assez en colère d’ailleurs ce constat.
J’espère que d’avoir écrit ton angoisse, tes peurs, ton stress t’aidera. C’est une preuve que tu peux avoir confiance en toi.
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J’espère aussi qu’à présent je pourrai passer à autre chose. Mais ce qui est sûr, c’est que je me méfie plus que jamais du corps médical, et je trouve ça bien dommage : c’est tellement difficile de trouver des interlocuteurs de confiance !
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Roh, là encore ça me parle. Comme tu le sais, pour mon ainé , je ne sais toujours pas si c’est l’effet stress de l’ainé ou qu’il y a quelque chose. Enfin il y a quelque chose vu qu’il a un retard de langage, mais je ne sais pas si c’est un symptômes d’autre chose.
Je pense malheureusement que notre sexe n’y est pas pour rien dans notre prise en charge. Y a eu comme ça (pardonne moi pour les références absentes) un médicament fréquemment donné aux femmes qui donnait certains effets secondaires en général attribués au stress, aux menstruation, à la ménopause…et le jour où c’est un homme qui a bénéficié du traitement et rapporté ces mêmes effets secondaires, ils ont enfin été reconnus comme liés au médicament …
Pour ma part, j’ai vraiment beaucoup de mal avec ce genre de médecin surtout depuis la fin de ma grossesse où ma gynéco me trouvait ‘angoissée +++’, la généraliste m’a expédié chez l’ostéo, à l’hôpital on ne voulait pas de moi , on me trouvait angoissée ‘mais rentrez chez vous madame, vous allez bien’, la laborantine me trouvait stressée… alors que moi je ne me sentais pas particulièrement inquiète. Par contre j’étais entrain de faire une grave complication et bizarrement l’obstétricien qui m’a ouvert le bide quelques heures après me trouvait ‘zen’.
A mon sens, un médecin qui ne peut pas supporter l’angoisse chez le patient devrait passer son chemin et celui qui l’a renvoie à la figure du patient est un connard (oui, euh, je suis sans doute dure, mais en ayant bossé dans le milieu médical je sais les dégâts que ça peut faire).
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Oh oui, je me souviens que j’avais découvert avec effarement ton témoignage qui nous racontait comment tous ces professionnels de santé étaient passés complètement à côté de la plaque pour les complications graves de ta fin de grossesse, et comment ce sentiment que quelque chose n’allait pas t’avais poussé à insister : j’en avais été profondément marquée à l’époque et je me demandais justement comment tu t’étais remise de cet épisode…?
Merci pour cet exemple si parlant aussi, avec ces histoires d’effets secondaires complètement ignorés lorsqu’ils sont mis en avant par des femmes : il n’y a qu’à voir comment le sujet de la contraception est traité par l’univers pharmaceutique. C’est une vaste blague, et c’est pas demain la veille qu’on aura des contraceptions masculines dignes de ce nom….
Quant au fait de ne pas réussir à supporter l’angoisse chez le patient ou même carrément de la renvoyer au patient, je crains que ce soit encore un bien vaste sujet, malheureusement…. En attendant, c’est à nous d’apprendre à nous protéger.
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Moi je te trouve très courageuse d’avoir tenu bon pour écouter ce que toi tu ressentais et finalement trouver les bons interlocuteurs ! 💙
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Oh merci beaucoup pour ton message : je suis touchée !
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Je suis impressionné par ton constat 😑
Après, personnellement, je viens deux vivre deux expériences similaires:
– la semaine dernière, mon médecin traitant m’a envoyé chez un spécialiste après un teste ambiguë … au test, LutinCoquin est parfait, et je sens bien que pour le spécialiste, mon inquiétude vis à vis de sa méningite est surfaite 😒
– aujourd’hui, face à un FeuFolet patraque et un tableau clinique limite, il nous envoie aux urgences … comme depuis 8 jours, la fièvre fait le yoyo, donc il péte la forme … que ce soit l’infirmière ou la médecin, on m’a fait sentir que j’étais venue pour rien …
Je comprends donc ton ressenti, c’est très désagréable de savoir qu’on est dans le juste mais qu’on est en porte à faux vis à vis du corp médical…😔
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Oh oui que c’est désagréable d’avoir ce sentiment de déranger, de ne pas être entendue et de voir son enfant non pris en charge !
Courage pour vos multiples galères de maladies : j’espère que vous allez réussir à bien vite vous débarrasser de ces vilains virus et de ces méchants microbes…. ❤
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Chapeau pour ton courage en tous cas. Et d’être restée calme, suffisamment pour regarder la situation avec recul. Moi, dans ce genre de situation, j’ai de nouveau 14 ans. J’en aurais insulté un des 2, voire les 2. Tu as mille fois le droit d’être inquiète. C’est légitime et c’est une preuve d’amour. Qu’ils aillent se faire… 🤪🤪🤪
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Ahah ! Moi aussi j’ai de nouveau 14 ans, dans ces situations-là ! Mais visiblement ton « moi de 14 ans » avait déjà bien plus de ressources que le mien ! A l’époque j’aurais juste continuer à fermer ma bouche. Peut-être que j’aurais montré quand même un peu moins de pugnacité, mais disons que la confrontation c’était déjà pas mon fort ! 😉
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Tu as tellement raison quand tu dis que pour bien suivre/guérir un enfant, il faut prendre en compte aussi ses parents… Poser un regard si emprunt de jugement sur une mère, irrévocablement, ça n’aide en rien, au contraire, ça biaise et ça bloque, en plus de culpabiliser encore plus la mère.
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Exactement ! Et je trouve ça complètement dingue que ces professionnels de santé, spécialisés en pédiatrie, n’en soient pas conscients…. Ça me rend folle !
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J’ai de la chance pour le moment d’être entourée de professionnels à l’écoute pour Tess (exceptée la PMI que j’ai vite évité chez moi…) Mais je comprends bien ta réaction.
Je trouve ça tellement indigne d’un professionnel de santé de prendre de haut un parent ou même n’importe quelle autre personne… Je me jure souvent de ne pas me laisser faire mais ce n’est pas souvent facile d’avoir de la répartie face à eux…
J’espère que tu en rencontreras moins par la suite même si ça arrivera encore… Tu as écouté ton cœur de maman et tu as bien fait, quoiqu’il en soit sorti, tu n’aurais pas eu de regret!
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Oh oui, c’est une grande chance d’avoir trouvé de bons interlocuteurs pour Tess : garde-les précieusement ! 😉
Quant au fait de ne pas se laisser faire, ce n’est jamais évident, surtout lorsque l’on vient pour avoir des réponses auprès de professionnels qui ont la connaissance pour eux….
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Ce n’est pas évident de ne pas être comprise du corps médical et ça doit être encore pire quand tu te retrouves seule même face au Papa… Bravo d’être aller au bout de ta démarche, tu es plus coriace que tu ne veux l’admettre 😉
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Je comprends tellement ta solitude et le fossé d’incompréhension que tu décris.Mais tu as bien fait de te mobiliser, tu es la maman, toi seule sait mieux que tout le monde ce qu’il faut pour ta fille. Au diable les paroles condescendantes et les mépris, tu as bien fait, ne doute jamais de toi-même ❤
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