Education, Je me questionne, Un peu de moi

Elle n’est pas moi

img_20170822_173554_934.jpgMa Poupette grandit. Et ces derniers mois, entre la naissance de Nymphette et l’entrée à l’école, Poupette a été forcée de grandir encore plus vite.

Peut-être un peu trop vite.

Peut-être pas à son rythme.

Déjà, en fin de grossesse, la fatigue physique qui m’accablait ne me permettait pas de m’occuper d’elle aussi souvent qu’elle l’aurait souhaité. Je m’en rends compte, avec le recul, maintenant que je retrouve doucement mon corps : cette grossesse a été très éprouvante pour moi physiquement. Et du coup, bien souvent, c’est Mister F. qui prenait le relais.

Avec l’arrivée de Nymphette, les choses ne se sont pas arrangées : difficile de tout concilier, de réussir à passer du temps avec ma grande fille tout en surmontant les difficultés de mon allaitement. Je garde de ces semaines du mois de juillet, que j’avais imaginées idylliques, un souvenir douloureux et encore empreint de remords.

Heureusement, notre merveilleux mois d’août de vacances à quatre nous a permis à tous de commencer à trouver notre place, dans ce nouvel équilibre familial.

Les choses se sont stabilisées, d’abord pour Nymphette, puis pour Mister F. et moi. Poupette a mis un peu plus de temps : c’est forcément moins facile, en période de vacances, de trouver des repères fixes, pour une petite fille de 3 ans.

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L’entrée à l’école est venue à nouveau compliquer les choses. Pourtant, Poupette était très enthousiaste à l’idée de commencer l’école. Durant sa dernière année de crèche, j’ai eu l’impression qu’elle commençait à s’ennuyer et qu’elle aurait apprécié être un peu plus stimulée.

Du coup, c’est avec une grande motivation qu’elle est allée à l’école, le jour de la rentrée. Alors certes, elle a été un peu intimidée devant le nombre d’enfants : dans sa petite crèche familiale, elle n’avait jamais côtoyé plus d’une dizaine enfants. Malgré tout, les premiers jours se sont très bien passés : elle nous quittait sereinement le matin, et nous retrouvait pleine d’enthousiasme le soir, sa petite tête débordant de choses à nous raconter, de nouveautés à nous faire partager.

Pourtant, au fil des semaines, la situation s’est dégradée. Le matin, elle se fermait comme une huître en arrivant au centre de loisirs et ne voulait pas interagir avec les adultes ou les enfants. Elle réclamait sa tétine et ne voulait plus nous laisser partir. Le soir, elle déchargeait les tensions de la journée et enchaînait les crises avec nous.


Même si ces derniers jours ont été plus sereins, cette période m’a beaucoup affectée. Ça me fait vraiment souffrir de la voir si perturbée. Je suis vite désarçonnée, perdue devant son attitude.

Je crois aussi que ça me renvoie, de manière plus intime, à mes propres angoisses d’enfant. Je l’ai glissé en passant dans mon dernier article : dès les premières années, l’école a été synonyme de pression, pour moi, suite notamment à deux remarques de maîtresses pas forcément axées sur l’éducation bienveillante.

Du coup, de manière complètement irraisonnée, voir ma Poupette si pétillante s’éteindre en arrivant à l’école me renvoie à mes peurs d’enfant. Est-ce qu’elle saura s’adapter ? Comprendre ce que l’on attend d’elle, dans ce système scolaire si rigide et parfois si imparfait ?

Le soir, lorsque je la retrouve seule dans son coin, à lire un livre tranquillement alors que les autres enfants sont rassemblés autour d’une activité peinture ou jeux de société, instinctivement, je m’inquiète. A-t-elle du mal à aller vers les autres ? A se faire des amis ? Et là encore, je retrouve les vieux démons de mon début d’adolescence trop solitaire.

Bien sûr, j’essaie de me raisonner. Si je mets par écrit toutes ces interrogations c’est que je suis bien consciente que ma réaction est disproportionnée. Je ne peux m’empêcher d’éprouver cette peur viscérale pour mon enfant qui est confrontée pour la première fois à la jungle de la vie en société. Mais je sais aussi que pour l’aider au mieux, il faut que je lui fasse confiance : elle saura trouver elle-même ses solutions.


Alors voilà, ma fille n’est pas moi. Même si elle me ressemble physiquement, même si elle est elle aussi l’aînée d’une sororité de deux, elle n’est pas moi. Elle a son caractère, sa personnalité, son histoire. Elle a aussi son papa, qui est très différent de moi, sur ces points-là.

Il ne faut pas que je l’oublie. Certes, elle tient de moi, elle est de moi. Mais c’est important, pour elle comme pour moi, que je n’oublie pas qu’elle n’est pas moi.

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41 réflexions au sujet de “Elle n’est pas moi”

  1. C’est un point intéressant que tu soulignes, notre propension à projeter sur nos enfants ce que nous avons vécu et ressenti nous mêmes…Pourtant armés de leur propre caractère, parfois distinct du notre, et surtout un accompagnement différent (puisque nous agissont justement en prenant en conséquence ce qui nous est arrivé à nous, pour l’éviter à nos enfants), ils ont leurs propre chemin et s’il faut rester à disposition pour les aider, nous devons aussi leur faire confiance pour qu’ils sachent aller de l’avant et gérer leurs propres situations. Pas facile pourtant des fois d’oublier notre vécu pour leur laisser découvrir leur propre expérience!

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    1. Tu as l’air tellement sereine et réfléchie sur le sujet ! Je ne sais pas si cela tient à nos personnalités différentes sur ce point ou si c’est le recul de vivre ça une deuxième fois, pour toi, avec Bouclette.
      En tout cas, tu as raison, on se doit de leur faire confiance, même si c’est pas facile !

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  2. Ton article est très intéressant. C’est une force de justement avoir conscience que nos enfants sont différents de nous. Et c’est aussi très compliqué de ne pas projeter nos peurs ou notre vécu sur eux. Si ta fille est plutôt solitaire, elle n’en sera pas forcément malheureuse. Et puis, nos petites ont de longues journées et ont parfois besoin de calme et de se retrouver un peu tranquilles. L’Atsem qui s’occupe de ma fille me disait qu’elle joue parfois toute seule pendant la récréation car les autres sont trop brusques, et comme c’est une des plus petites, elle se protège en quelque sorte. Bref, tout cela n’est pas facile et c’est normal d’avoir peur pour nos bébés, mais elles s’en sortiront très bien car elles ont de supers parents! 😉

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    1. Tu as raison : ce n’est pas parce qu’elle est solitaire qu’elle en sera forcément malheureuse, mais en tant que parent, difficile de ne pas s’inquiéter !
      Tu as de la chance d’avoir un retour direct de la part de l’ATSEM : ça aussi ça nous manque !

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  3. Je me retrouve tellement dans ton article même si la Choupette est encore trop petite piur que je m’inquiète vraiment. Mais c’est une source de crainte que j’aurais j’en suis sure à son entrée à l’école !
    J’espère que ta poupette sera vite plus à l’aise ! Et qu’elle trouvera la place qui est la sienne !

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  4. Je pense qu’avec une petite fille en France j’aurais aussi cette tendance à me projeter énormément. Et parfois, même si je dois un peu me raisonner pour ça (parce que spontanément des fois je le regrette aussi un peu), je me dis que c’est vraiment très bien d’avoir deux garçons et de les élever en Allemagne à l’allemande, ça me permet d’instaurer cette distance, ça ne me laisse pas vraiment le choix en fait. En tout cas tu peux être fière de toi d’avoir confiance de tout ça, je suis sûre que ça va aider ta Poupette à faire sa place.

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  5. Et oui, c’est sûr ! C’est aussi plus facile à dire ! J’espère que poulette réussira à retrouver un apaisement.
    J’appréhende un peu, car je vais bientôt me retrouver exactement dans la même situation que toi (naissance du 2ème puis école) 😉
    Ma fille est en ce moment pot de colle avec moi et a des comportements de « bébé » comme si elle avait peur que le futur bébé lui prenne sa place.
    Bon courage à toi.

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    1. C’est sûr que ça va également être une sacrée étape dans la vie de ta grande, mais elle sera aussi bien plus mature que ne l’était Poupette à son entrée à l’école : je pense qu’à leur âge, quelques mois de plus peuvent faire toute la différence. En tout cas, n’hésite pas à venir en reparler avec moi ! 😉

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  6. Oh je comprends ces projections! J’y échappe pour l’instant, sans doute car j’ai un petit gars qui en plus est très différent de moi. Mais c’est sûr, il faut arriver à prendre cette distance, car même avec le même caractère, nos enfants restent des individus uniques, de par leur expérience aussi! Je suis sûre que tu lui donneras les clés nécessaire à un épanouissement à l’école. Le passage en maternelle n’est pas si évident (je pensais aussi qu’il se passerait en douceur).

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      1. Oh là là m’en parle pas, je suis en plein dedans…on marche sur des œufs. Avec le déménagement, ca fait beaucoup de changements et Petit-Bout à du mal à écouter les règles…compliqué…je ne soupçonnais pas que ce moment puisse être dur à gérer…et il y en aura d’autres, mais bon…! 🙂

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        1. Ici non plus, on ne s’en sort encore pas tout à fait…. On voit du mieux, mais c’est encore pas top !
          Et vous, vous voyez du mieux ? Vous avez pu en discuter avec la maîtresse ? C’est dur pour eux d’assimiler toutes ces nouvelles règles !

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          1. Alors oui ça allait mieux, mais en intensifiant le rythme, on régresse…dur dur. Oui on va prendre rdv. C’est vraiment pas un massage facile. Et vous, vous avez des pistes d’amélioration ? Je pensais pas que c’était un si gros cap…je me sens un peu nulle et mauvaise mère (c’est inutile je sais, mais bon…)

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            1. Oh la la, ne m’en parle pas : grosse remise en question pour moi depuis la rentrée, avec culpabilité +++
              Quant aux pistes d’amélioration, oui on en a sur plusieurs fronts, mais c’est un vaste sujet. Je viens de terminer un article où j’ai mis à plat toutes nos stratégies pour survivre aux crises, les désamorcer, les éviter si possible. Chez nous, c’était le problème principal. Mais il y a tellement d’autres points à aborder : le respect des règles, la vie en société, le rythme global de la famille, la fatigue, le sommeil, etc…. En ce moment, on teste un peu tout en parallèle, mais ça reste épuisant. Et vous, c’est quoi le point le plus critique ?

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              1. On est deux…je souris à ton énumération car je retrouve tous les points de tension…: respect des règles +++, vie en société ++, rythme global de la famille +++ (tu parles du moment où tu t’écroules dans le canap et tu pourrais remplir deux lave-vaisselle tellement la vaisselle s’empile?), fatigue +++ (genre je suis HS mais me fout devant le canap et m’endors à 23h/23h30…), de notre côté il y a aussi « l’hypersensibilité » de PetitBout qui te renvoie en boomerang les moindres contrariétés et angoisses que tu peux avoir…sur tous les sujets: retrouver du travail, envie d’un deuxième, le laisser en centre aéré…bref…pas simple. Ma seule « chance » c’est de ne pas travailler pour l’instant mais avec le rythme qu’on a, les démarches à finir (emménagement), plus qqs autres trucs à gérer, je ne sais pas comment je pourrai être à temps plein…en conséquence : culpabilité, fatigue, etc…on peut en parler davantage « hors-ligne » si tu veux: colombesmum@gmail.com — on va y arriver, c’est juste une étape de plus à franchir et nos enfants s’en sortiront comme les autres (j’ai la faiblesse de croire qu’en se remettant en cause ils ont des chances supplémentaires…) — ou pas ahah

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  7. C’est fort ce que tu dit. Et ça résonne étrangement en moi !! Crapouillou a beau être un garçon, il me ressemble sur tellement de points… et j’ai déjà projeté tellement de choses sur lui (bien inconsciemment bien sûr, mais n’empêche, le « mal » est fait) que j’ai bien peur qu’il m’arrive la même chose qu’à toi en septembre prochain. J’espère vraiment que Poupette va rapidement trouver sa place à l’école et s’épanouir comme elle le mérite.

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    1. Oui, je me souviens encore de l’une de nos conversations où tu me disais que tu étais soulagée que ton aîné soit un garçon, comme ça tu te projetterais moins. Je n’avais jamais pensé à ça avant que tu m’en parles, et tu vois, me voilà en plein dedans !
      Quant à septembre prochain, attends d’y être, hein, tu verras : tous les enfants sont différents, et Crapouillou aura aussi quelques mois de plus que Poupette au moment de la rentrée, et un petit frère depuis bien plus longtemps, les conditions seront déjà bien différentes !

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  8. Je suis entièrement d’accord avec tout ce que tu écris. J’ai un peu cette peur là aussi pour ma fille. Mais ce qui me rassure c’est que dans sa façon d’être parfois je m’y retrouve enfant à 100% et parfois c’est mon mari. Nos enfants sont un magnifique mélange, faisons leur confiance.
    Et comme pour toi, cette deuxième grossesse est plus fatiguante, je suis moins disponible pour ma fille. J’ai déjà prévu de prendre un congé parental de quelques mois pour essayer de palier à toutes les nouveautés de la rentrée pour ma fille, mon bébé et pour notre organisation au papa et à moi.
    Bon courage, avec le temps, l’apaisement.

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    1. Tu as raison, le papa est aussi bien présent dans l’équation, et heureusement !
      Quant à cette deuxième grossesse, j’espère qu’elle n’est pas trop éprouvante, malgré la fatigue ❤
      Le congé parental vous fera du bien pour trouver votre nouvel équilibre à 4, tu as bien raison.

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  9. C’est très juste ce que tu écris. C’est normal de se projeter et de se poser des questions, et je trouve ton état d’esprit sein : nos enfants ne sont pas nous et c’est super de l’avoir en tête. Tu peux adapter ta propre expérience tout en ayant en tête que la solution sera peut être différente pour ta fille. Et puis, tu as raison, il faut faire confiance en nos enfants. Je réagis plutôt ainsi avec Petit Prince mais pour mon mari c’est plus difficile ! Après il n’est pas encore en maternelle…

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  10. Bonjour Louna,
    Je comprends ton raisonnement. Cependant, maintenant que tu as conscience de tout cela, la projection, la confiance ect , il ne faudrait pas que tu passes à côté d’autre chose. Par exemple, peut être que réellement, la stimulation de l’ecole n’est pas à la hauteur de ses besoins, peut être qu’elle a vu ou entendu de la part des adultes et des enfants, des choses qui lui font préférer être seule (que mal accompagné), peut être que la sieste est trop longue/courte pour elle…
    J’espère qu’elle va vite retrouver sa petite flamme.
    Bon courage et donne nous des nouvelles
    Charlène

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    1. Merci infiniment pour tes mots, Charlène, ça me touche beaucoup. ❤
      Tu as raison, réaliser tout ça ne m'a pas empêché de continuer à creuser et à chercher à mieux comprendre ce qui se passe dans la vie de ma fille. Nous avons récemment rencontré sa maîtresse, et des tas de choses ont été éclaircies : nous comprenons bien mieux ce qui s'est passé pendant ces premières semaines d'école, et j'espère que ça nous aidera à mieux accompagner notre fille dans les semaines qui viennent.

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  11. J’ai lu avec attention ton billet et je crois que je pourrais vite me retrouver dans la même situation que toi, m’inquiéter très vite pour ma petite Tess et être désemparée devant certaines de ces réactions… La grosse différence avec toi, c’est que j’ai de très bon souvenirs de l’école et de mon enfance (du moins sur ce versant là) donc je n’aurais pas tendance à penser à moi sur ces points. Mais c’est vrai que la comparaison peut vite se faire et comme nous toutes, je pense que je finirais sûrement par le faire même si ce n’est qu’une seule fois. Pour l’instant, elle ressemble physiquement à son papa mais c’est tout moi au niveau du caractère (et ça m’effraie… lol) donc on verra par la suite ce que ça donne. En tous cas, tes derniers mots sont plutôt positif pour ton positionnement et j’espère que vous trouverez vite un équilibre qui conviendra à tout le monde.
    A très vite!

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  12. Je me retrouve bien dans cette projection que je peux faire sur ma fille aînée… Peur qu’elle soit rejetée, angoissée…Et pourtant comme tu le dis justement elles ne sont qu’à moitié issues de nous (même si on a fait out le boulot pendant 9 mois hein ;)) et elles ont aussi leur propre chemin à faire et à découvrir.
    Elles sont encore toute petites, je suis sûre que Poupette trouvera sa voie et saura s’adapter- à sa manière- à ce nouvel environnement.

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  13. Je crois qu’on projette toutes et tous des angoisses sur nos enfants, que ce soient les nôtres (d’angoisses) ou pas. J’ai eu bcp d’amis petite mais j’ai peur qu’il n’en ai pas. J’ai peur qu’il ne sache pas se défendre. Je me souviens de comment on était petit, de comment on pouvait être cruel. J’ai peur qu’il ne sache pas se défendre, qu’il se fasse tapée dans la cour… j’ai peur pour plus tard aussi, qu’il se fasse harceler ou racketer. Et puis j’ai eu peur en début d’année qu’il développe une phobie scolaire, qu’il n’aime jamais l’école – moi qui l’aime tant. Non vraiment ça la fout mal non, le fils de la maîtresse qui n’aime pas l’école ? 😂
    Enfin ! Ça doit donc être notre lot à tous, hein, comme dit Audrey Hepburn (ça s’écrit comme ça ?? Hum) dans babyboom (je cite pas je sais que tout le monde connaît par coeur !)

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    1. Oui, tu as raison, je pense que c’est à la fois courant et naturel de projeter nos angoisses comme ça sur nos enfants. Et oui, il faut se raisonner pour ne pas tomber dans l’excès…. Mais j’avoue que c’est la première fois, de ma modeste carrière de maman, que ça me frappe autant.
      Bon, là tu viens de réveiller tout un tas d’angoisse pour les années à venir, je ne te remercie pas ! 😛

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